"De lourds oiseaux nocturnes passaient avec un froissement d'ailes dans le noir ; la lune commençait à baisser et sa clarté se voilait maintenant derrière des nuages. Aurore ne voyait plus bien où elle mettait les pieds. Elle trébucha à plusieurs reprises, poussant un cri chaque fois qu'une branche venait à lui griffer le visage. La nuit semblait interminable, le matin encore bien lointain. Aurore avait maintenant très soif et s'aperçut qu'elle n'avait même pas songé à emporter de quoi boire ; la gorge sèche, elle eut l'impression qu'elle allait mourir là, sans avoir découvert le secret des larmes. - Hélas, ma mère, mon père bien-aimés, s'écria Aurore, que n'êtes-vous auprès de moi pour me guider ? Où êtes-vous à présent ? Voyez-vous votre fille qui cherche sans la trouver la fée qui préside à toute naissance ? Ne pouvez-vous me faire un signe qui me mette sur le chemin ? Que ne donnerais-je pour pouvoir verser une larme ! Et comme j'ai soif !" Jean-Yves Masson, né en 1962, a publié des poèmes (Onzains de la nuit et du désir, Neuvains du sommeil et de la sagesse, Cheyne Éditeur ; Poèmes du festin céleste, L'Escampette), des romans (L'Isolement, L'Incendie du théâtre de Weimar, Verdier) et des nouvelles (Ultimes vérités sur la mort du nageur, Verdier). Il s'est inspiré d'une légende alsacienne pour écrire ce conte qui s'adresse non seulement aux enfants, mais à l'enfant que tout adulte porte en lui.